Voilà un moment que j’avais décroché de l’actualité montagne et le nom de Tommy Caldwell m’était totalement inconnu.

Inconnu jusqu’à ce qu’on m’offre « Push ! » récemment paru chez Glénat, ouvrage dans lequel ce brillant grimpeur américain dévoile son parcours de vie. D’ordinaire peu motivé par la trilogie « entraînement, danger, défi » qui caractérise l’essentiel de ce qu’on peut lire sur les pratiques d’alpinisme et de montagne de haut niveau, je craignais de trouver une nouvelle fois les poncifs du genre, développés de surcroît tout au long de quelques 513 pages… Bref, ça risquait d’être indigeste et je redoutais de devoir avouer ne pas être parvenu au bout de ce pavé.

Quelle erreur !

Dès les premières pages, j’en suis resté assis. Tommy Caldwell ne se contente pas de grimper à la perfection. Il écrit bien et surtout, il a des choses à raconter.

Des évènements drôles, graves ou même dramatiques, oui. Mais aussi, et peut-être surtout, des moments de vie sincères et des relations fortes analysés avec une grande finesse et un véritable talent narratif.  Le tout servit par une traduction efficace et de grande qualité.

Dans le cheminement de Tommy Caldwell, escalade, montagne, alpinisme ne constituent qu’une toile de fond impressionnante – les performances sont grandes – servant la narration émouvante d’une incroyable trajectoire humaine.  Une trajectoire jalonnée des questionnements, des doutes, des émerveillements et des difficultés du quotidien vécu par des athlètes aux préoccupations finalement souvent très ordinaires et universelles. Une narration puissante qui révèle les versants ensoleillés comme les faces les plus sombres d’une personnalité très contrastée.

Peut-on faire un grand récit avec ça lorsque on est un grimpeur de très haut niveau ? La réponse est oui et Tommy Caldwell le démontre.

« Push ! » est enthousiasmant au point de pouvoir séduire tous les publics amateurs d’espace, de destins atypiques et de bonne écriture. Un grand livre qui, dans ma petite bibliothèque montagne, prendra place à coté du « Pierre Beghin, l’homme de tête » de François Carrel,  l’autre meilleur ouvrage de ces dernières années…