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Vers le col de Basei, face au Grand Paradis

Vers le col de Basei, face au Grand Paradis

Quand ça part mal…

Retrouvailles avec Gérard, Laurence et leur famille  : dix ans ou presque qu’on ne s’est pas vus. Alors en montant à Val d’Isère pour prendre le départ de nos 4 jours de raid, ça cause, ça cause et je cafouille la sortie de Bourg Saint Maurice. Mauvaise direction, déviations multiples, route étroite, travaux, tranchées, camions de BTP en quantité et, pour finir, demi-tour. Rebelote dans l’autre sens-restons calmes- et près d’une heure de perdue avant de reprendre la bonne direction. Heureusement qu’avec le groupe, on avait prévu un rendez vous matinal à Albertville, parce que le temps n’est pas fameux et pour accéder au refuge du Prariond, j’évacue le parcours par le col des Montets et sors le plan B : le col Pers. On se posera au refuge en milieu de journée et il sera toujours possible d’en repartir pour quelques heures.

C’est sur la terrasse du refuge que la butée d’une de mes fixation éclate au déchaussage. Décidément, l’affaire se corse…. Laurent me donne du tappe et du fil de fer et me voilà bricolant dans l’espoir de rétablir la situation. Après quelques minutes d’intervention, j’arrive au bout des possibilités et il ne reste plus qu’à vérifier dans l’action la qualité de mon travail. Retour dehors pour la première mise de peaux avant d’aller chercher le col de la Galise.

Damnation ! Deux paires de peaux confiées à un pro pour ré-encollage sont restées recouvertes de leurs papiers blancs pendant un an et ceux-ci restent immuablement fixés sur leur support. Les peaux sont hors d’usage… Le sort s’acharne : bonne idée de s’etre abstenu de passer par le col des Montets, on aurait eu fière allure au pied de la pente ! Cédric sort la paire de peaux de rechange et c’est Gérard qui va sacrifier son après midi pour peler au couteau (format chasseur de bisons) les peaux récalcitrantes. A notre retour, 3 heures plus tard, elles sont aussi propres qu’au premier jour d’utilisation ! Quant à ma butée, elle paraît s’accommoder de ma réparation de fortune…

On y vas prudemment !

Samedi 31 mars, départ sous une éclaircie inespérée vers le Col d’Oin (3160m) pour rejoindre le refuge Chivasso par Pratorotondo.

Sous l'Aiguille Rousse (photo Fanny)

Sous l’Aiguille Rousse (photo Fanny)

Passage sous l’Aiguille Rousse, long parcours du plateau à 3050m et arrivée au Col. Pas une trace et il fait encore clair, profitons en : traversée prudente au ras du col vers le creux de la combe gavée de neige et espacements XXL.

Aucun signes inquiétants visuels ou sonores, le ski est excellent mais la vigilance reste maximale.

La traversée vers le point 2750 est saine mais dès la bascule sur le versant du lac, la visibilité se réduit et le vent se lève pour nous bousculer sans ménagement à l’approche du barrage. On file sans s’arrêter au refuge situé en bordure de la retenue et maintenant gardé, pour aller s’abriter dans les vallons de l’autre côté. La suite s’effectue au calme dans la tranquille remontée vers le colle del Nivolet rarement autant enneigée…

L’accueil d’Alessandro et de Paula, sa « collaboratore » est chaleureux et attentionné, le refuge, égal à lui-même : poêles ronflants, livres en quantité et soirée amicale empreinte d’un brin de nostalgie. Il fallait ça pour absorber plus de 1300m de dénivelé à cheminer dans la profonde.

Alessandro Bado, trente ans de gardiennage à Chivasso (photo Fanny)

Alessandro Bado, trente ans de gardiennage à Chivasso (photo Fanny)

Passera ? passera pas ?

La montée au Col de Basei n’est pas la plus simple qui soit et le lieu à déjà connu de tragiques mésaventures. Lorsque au matin, la visibilité est nulle et le vent violent, ça ne détend pas le diaphragme. Pourtant les prévisions sont bonnes, alors prenons notre temps et « lâchons prise », c’est tendance !

Bien nous en a pris : ça s’améliore et si le départ s’effectue sous une bise bien coupante, la suite reste vivable. Tant mieux parce que les pentes sont raides et le cheminement un peu tortueux jusqu’au col. Mieux vaut y voir clair.

Montée vers Basei (photo Fanny)

Montée vers Basei (photo Fanny)

Coté Benevolo, c’est du très bon ski qui s’offre à nous, à tel point que nous remettons les peaux pour remonter chercher une autre combe avant de gagner le refuge. Exit la solitude de Chivasso et l’agréable cohabitation avec un couple de suisses en itinérance, Benevolo est aussi plein de randonneurs qu’à chaque week-end Pascal. Soirée animée et (un peu) arrosée avant l’immersion dans les couvertures piquantes et l’espace confiné des petites chambres aux triples lits superposés. Inutile de dire que les places au 3ème étage ne sont pas vraiment disputées.

Benevolo à Pâques (photo Fanny)

Benevolo à Pâques (photo Fanny)

La cerise sur le gâteau

7h, nous voilà sur les skis : la remontée sera longue jusqu’à la pointe de la Galise et l’orientation de la descente nous invite à nous y présenter assez tôt pour avoir des chances de l’effectuer dans les meilleurs conditions.

Conséquence de l’exceptionnel enneigement, nous remontons directement par le lit du torrent parfaitement skiable cette année avant de gravir les pentes sous le col de Bassagne  et de rejoindre le cairn sommital. Surprise, voici nos suisses qui effectue le même parcours dans l’autre sens. Ils ont apprécié les informations sur notre étape de l’avant veille qui leur a imposé un traçage éprouvant et très solitaire… et nous apprécions leurs informations sur la descente qui nous attend et qui ne supportera pas longtemps les ardeurs du soleil maintenant bien présent.

Allez, on ne tarde pas et les premiers virages sur la neige soufflée sont vite derrière nous.  Commence alors ce que l’ami Romain appelle une « gavade » : neige parfaite, abondante et moelleuse à souhait jusque 150m au dessus du Prariond. Pas d’autres traces que celle réalisée à la montée par nos helvètes ce matin : à peine croyable…

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Midi sur la terrasse du refuge, c’est la pause avant de rejoindre Val d’Isère par les gorges de Malpasset, totalement comblées mais surmontées de pentes abondamment garnies et bien réchauffées déjà. Derniers virages en compagnie de free-riders airbaggés, quelques bonnes poussées sur la piste qui ramène au Fornet  et c’est la fin de la récré, le retour dans l’univers urbain d’un des plus célèbre domaines skiables du monde…