Dimanche de pâques, quelques kilomètres après l’entrée en Autriche, voici la sortie de la bretelle d’autoroute. A quelques distance, un trépied avec viseur optique et deux silhouettes chasublées de jaune surmontées de casquettes inquiétantes. Signes du bras, arrêt sur l’aire de stationnement, on ne fait pas les malins… Pour avoir cafouillé l’achat de la vignette autoroute « courte durée » à 10 euros, il va falloir passer à la caisse du bord de route et ça va coûter cher : 120 euros non négociables ! Gloup… L’affaire s’engage mal. Heureusement les vallées riantes et prospères montant vers Obergurgl mettent du baume au coeur et c’est presque heureux d’avoir contribué au trésor public autrichien que nous parvenons au refuge Langtalereck.
La déconvenue routière est vite oubliée : l’étape du lendemain est une anthologie du parcours de raid : départ en descente, remontée de canyon étroit et glacier façon antarctique, pente soutenue, combe suspendue et col au nom imprononçable (Schalfkogeljoch !) à redescendre en cordée/crampons… Soleil et brise légère : mesdames, messieurs, tout est fait pour votre plaisir ! Le vallon conduisant à Martin Busch Hutte est aussi désert que l’était l’autre versant et la dernière remontée n’est qu’une aimable formalité…
Une autre culture ?
Celle du refuge vivant et habité : électricité et eau chaude à gogo, chaussons secs et aussi tièdes au matin que des petits pains d’artisan boulanger, rideau cosy aux fenêtres et déco façon « Heidi ». Les bières sont au format XL et les apfelstrudel incontournables…
Un peu de lecture…
Fin avril en raid, on arrive souvent au refuge en début d’après-midi. On dispose alors d’un peu de temps et ici les étagères regorgent de bouquins (forcément) en allemand. C’est l’occasion de se plonger dans les revues locales et de découvrir quelques pépites graphiques…
Ça c’est du petit déj’ !
On ne sait que choisir… mais finalement, la meilleure solution, c’est de ne pas choisir… Quitte à prendre un peu de retard sur l’horaire de départ ! Et tant pis pour les quelques lourdeurs d’estomac ressenties dans les premiers hectomètres de montée (départ trop rapide sûrement)…
A travers les nuées…
Si les glaciers sont encore si gros dans ce massifs, c’est bien parce qu’il n’y fait pas toujours beau. Dans ces conditions, le détour par la stèle de l’Homme de Similaun ne se justifie pas. On se contentera d’une pensée pour ce sympathique trailer version -3000 avant JC dont la découverte du corps momifié a défrayée la chronique des années 90.
Tout ça rien que pour nous !
Bien beau parcours que celui qui relie Hochjoch Hospiz à Vernaght Hutte par le Schaftkogel. Variété des terrains, solitude totale et grands espaces glaciaires ponctuent harmonieusement l’itinéraire. Cerise sur le gâteau : la descente depuis le Shaftkogeljoch nous gratifie d’une neige propice à quelques bons virages (au dessus, c’était plutôt neige trafolée gelée du genre à vous expédier les chaussettes au fond des chaussures).
Coup de fraîcheur
Un froid de gueux et une éclaircie trop tardive nous interdiront l’accès à la Wildspitze, le point culminant du massif. On en restera à un passage au Brochkogeljoch puis au Mitterkarjoch dont le raide parcours câblé ouvre la descente vers Vent. Un sympathique collègue vertaco* et son équipe nous font la trace !
*Vertaco : habitant du Vercors bien sûr, le célèbre Vertacomicorien…
Quand on aime on ne compte pas !
Le ciel se dégage et c’est la révélation : il est aussi possible de skier en pleine lumière et dans la poudre ! Là, il ne faut pas bouder son plaisir et personne ne rechigne à descendre aussi bas que possible avant de remettre les peaux pour remonter chercher le « bon » itinéraire, celui qui ramène au domaine skiable de Vent.
Vent ville morte ?
La station est fermée, le petit bourg déserté ne révèle son unique restaurant ouvert qu’au prix d’investigations poussées. En terrasse, la fraîcheur est vite de retour et la pizza n’est pas complètement avalée que déjà les sommets disparaissent à nouveau. On s’en moque : la boucle est bouclée et nous a livré le lot de surprises, d’émotions et de bons moments qu’on recherchait et qui sont la marque de fabrique des belles itinérances…