
Quand parcourir la haute montagne nous change.
Ou plutôt faudrait-il dire que cela bouleverse nos habitudes, nos représentations,
notre conception de ce qui est essentiel et de ce qui est accessoire…


L’alpinisme est un jeu où l’on engage son intégrité physique en contrepartie de satisfactions qui nourrissent les personnalités de celles et ceux qui s’y prêtent. Les risques y sont multiples et l’inconfort toujours présent. Car, si on sait, d’amblé, qu’en haute montagne, contenir les risques est une obligation, chacun comprend plus tardivement que gérer l’inconfort s’y élève en art de vivre. S’accommoder des effets de l’altitude, des nuits hachées au voisinage d’une nombreuse compagnie, des petits déjeuner pris à l’heure ou les noctambules rentrent se coucher, du froid mordant les doigts à l’ombre des 4000m, de la chaleur du glacier exposé au sud, de l’attention qu’il faut porter à cette satanée corde et aux pointes des crampons, tout cela rend bien secondaire l’importance qu’on accorde au brossage de dents à heure fixe ou la nécessité impérieuse de changer de tenue chaque jour. Rompre avec nos routines, s’ouvrir à la frugalité comme à une forme de dépouillement, rien de cela n’est spontané à l’heure ou tout incite à se surcharger de biens et de contraintes. C’est pourtant la première marche vers la réalisation de futurs projets… Le sac à dos, dit-on, est rempli de toutes nos peurs et le poids de celles-ci nous fait trop souvent oublier qu’en montagne, le plus grand confort, le véritable luxe, c’est d’être léger…

En savoir plus sur Denis Crabières
Subscribe to get the latest posts sent to your email.